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Jo Prestia, sportif et acteur, a joué Le Ténia dans Irréversible. Interview réalisée par Steph, Fréd et Philou (18/01/2004)


Comment et pourquoi passe-t-on du sport de haut niveau au cinéma ?


Sans doute, comme une revanche sur les quelques aléas de la vie. Je crois que j’ai toujours eu le besoin de prouver des choses, de sortir de ma condition et de me dépasser. La boxe m’y a aidé et m’a apporté une force, une paix intérieure et la reconnaissance nécessaire à mon épanouissement.

A la fin de ma carrière de boxeur, j’ai compris une chose : il était hors de question pour moi de devenir passif et de subir le désir des autres. Je me suis donc évertué à poursuivre le chemin que je m’étais tracé. 
Je voulais exister encore et me lancer de nouveaux défis.

Le cinéma m’est alors apparu comme une évidence. Certes, l’apprentissage n’a pas toujours été facile, mais aujourd’hui, avec un peu plus de maturité dans le travail, et de conscience, j’y éprouve un bonheur de plus en plus intense.


Quels en sont les avantages et les inconvénients ?


C’est toujours sympa d’être reconnu par les gens, les petites attentions, tout ça. Ce que j’aime par dessus tout, c’est qu’on m’apprécie pour la qualité de mon travail, même si par nature, je suis plutôt discret. Ça me procure une certaine jubilation intérieure.


Pensez-vous que, comme le cinéma, la boxe Thaï/le Kick Boxing peuvent être un exutoire face à la violence ?


Hé bien, la boxe Thaï et le sport en général permettent de se débarrasser de cette violence que chacun a en soi, de canaliser son énergie et d’apprendre le respect de l’autre.


Vous avez plutôt une image d’homme fort au cinéma. Seriez-vous prêt à la casser et si oui, jusqu’à quel point ?


Ce serait bien que les réalisateurs aient un peu plus d’imagination et ne me cantonnent pas à des rôles violents et caricaturaux mais je comprend qu’avec ma tronche et ma carrière, ils aient des difficultés à me faire jouer des rôles où je dois compter fleurette, et pourtant…

Ceci dit, je pense que c’est à moi de réussir à prouver que je peux faire autre chose. Vous voyez : encore quelque chose à prouver… J’y travaille.

Aujourd’hui, je commence à travailler un peu plus en sensibilité et en émotion. J’ose espérer qu’un jour, un réalisateur me donnera la chance de servir des personnages bien plus fouillés. Je sais que ça va arriver, j’en suis sûr.


Que retenez-vous des cours pris avec un professeur de l’Actors Studio ?


Quand je suis arrivé dans les cours de Jack Waltzer, j’avais l’impression de débarquer sur une autre planète. Jack m’avait fait passer une audition, j’étais nul mais lui pensait que j’avais un potentiel et qu’il m’aiderait à l’exploiter.

Pendant les séances de travail, j’ai, souvent, eu envie de partir en courant, mais je me suis accroché, j’ai commencé a me connaître a me lâcher doucement et finalement quand on comprend bien les choses et qu’on se les approprie, cela procure un plaisir immense.


Cela vous donne t-il l’envie de prolonger votre carrière sur les planches ?


J’ai déjà fait une expérience sur les planches et j’ai adoré. Je n’hésiterai pas à renouveler l’expérience. Le plus dur, c’est de trouver la bonne pièce qui donne envie de s’investir a fond.


Avec quels acteurs et réalisateurs aimeriez-vous travailler ?


Je pense que la liste serait longue pour les citer tous, mes goûts sont assez variés pour les réalisateurs. En France, ça peut aller de Agnès Jaoui dont j’adore particulièrement l’univers, à des réalisateurs plus près de ce que je maîtrise mieux comme Jan Kounen.
Pour les acteurs, j’ai envie de travailler avec les meilleurs.


Comment avez-vous connu Gaspar Noé ?


Sans que l’on se connaisse, Gaspar avait parlé de moi dans une émission sur Canal, Nulle Part Ailleurs. Il avait vu le film de Éric Zonca, le Petit Voleur.
Apparemment ça l’avait marqué. Il m’avait qualifié de « méchant le plus terrifiant du cinéma français ». Ça m’a plu. Si je dois faire le méchant dans les films, autant que je sois le meilleur.


Comment a-t-il porté son choix sur vous pour le rôle du Ténia ?


C’était en plein été, Gaspar m’a téléphoné pour me demander si je partais en vacances. Je lui ai dit : « Oui, mais donne-moi une bonne raison pour ne pas partir ». Il m’en a donné une et je suis resté.
Un peu de préparation et le tournage a commencé très peu de temps après.


Quelle a été votre première impression concernant votre personnage ?


Je ne me suis pas rendu compte de ce que ça pouvait représenter. J’étais content de travailler avec Gaspar et je ne me suis pas posé de question.

Ensuite, la première fois que je me suis vu à l’écran, j’étais choqué. J’étais loin de m’imaginer que c’était si terrible. En fait, je me suis bluffé moi-même.
Par la suite, j’étais content de mon travail, et quand les gens m’insultaient lors des projections, je prenais ça pour un compliment.


Pouvez-vous nous raconter votre première rencontre (en ce qui concerne Irréversible) avec Gaspar Noé ?


Je l’ai rencontré dans une soirée. Il est venu me voir et on a parlé. Je n’avais vu aucun de ses films. Je le lui ai dit.
Quelques jours après, il ma envoyé une cassette. J’ai ensuite vu tous ses films.


Durant le tournage, quelles étaient les directives de Noé ?


On avait beaucoup parlé avant et répété les placements et les mouvements de caméra. Tout était bien orchestré. On savait ce qu’on avait à faire, toute la difficulté du travail c’était de rendre cette scène crédible tout en faisant attention à Monica. Gaspar était assez tranquille, il venait me donner ses directives et me laissait faire.


Comment avez-vous vécu le tournage de vos scènes (le viol et le Rectum) ?


Je crois que je ne m’étais jamais autant vidé, physiquement et psychologiquement, sur un tournage.
La difficulté, c’était de se lâcher complètement dans cette violence tout en essayant de maîtriser les contraintes du jeu devant la caméra. Il fallait allier vérité et précision, ce fut très éprouvant mais très enrichissant.
Le Rectum, c’était une ambiance vraiment spéciale, mais bon chacun s’amuse comme il veut.


Quelle est l’importance du Ténia dans votre carrière ?


Après le petit voleur d’Eric Zonca, Irréversible a confirmé que j’étais capable de jouer les méchants dans un film, mais je dois encore prouver encore et toujours que je peux faire autre chose, je sais que j’y arriverai et plus vite qu’on ne le croit.


Un grand merci à Jo pour sa gentillesse, sa disponibilité et sa patience.

Jo Prestia, sportsman and actor, played Le Ténia in Irréversible. Interview conducted by Steph, Fréd and Philou (01/18/2004)


How and why do we go from high level sport to cinema?


No doubt, as a revenge on the few vagaries of life. I believe that I have always had the need to prove things, to get out of my condition and to surpass myself. Boxing helped me and brought me strength, inner peace and the recognition necessary for my development.

At the end of my boxing career, I understood one thing: it was out of the question for me to become passive and submit to the desire of others. I therefore strove to continue the path I had traced for myself.

I wanted to still exist and challenge myself.

Cinema then seemed obvious to me. Of course, learning has not always been easy, but today, with a little more maturity in the work, and awareness, I experience more and more intense happiness.


What are the advantages and disadvantages?


It's always nice to be recognized by people, the little touches, all that. What I like above all is that I am appreciated for the quality of my work, even if by nature, I am rather discreet. It gives me a certain inner jubilation.


Do you think that, like cinema, Thai boxing / Kickboxing can be an outlet in the face of violence?


Well, Thai boxing and sport in general allow you to get rid of this violence that everyone has in themselves, to channel their energy and to learn respect for the other.


You have more of a strong man image in the movies. Would you be willing to break it and if so, to what extent?


It would be good if the directors had a little more imagination and didn't confine me to violent and cartoonish roles, but I understand that with my face and my career, they have difficulty in making me play roles where I have to count. floret, and yet ...

Having said that, I think it's up to me to be able to prove that I can do something else. You see: still something to prove ... I'm working on it.

Today, I start to work a little more in sensitivity and emotion. I dare to hope that one day, a director will give me the chance to serve much more detailed characters. I know it's going to happen, I'm sure.


What do you remember from the lessons taken with an Actors Studio teacher?


When I arrived in Jack Waltzer's class, I felt like I had landed on another planet. Jack auditioned me, I sucked but he thought I had potential and that he would help me exploit it.

During the work sessions, I often wanted to run away, but I hung on, I started to know myself, to let go slowly and finally when we understand things well and we have them. appropriate, it gives immense pleasure.


Does it make you want to extend your career on the boards?


I have already had an experience on the boards and I loved it. I will not hesitate to repeat the experience. The hardest part is finding the right part that makes you want to invest fully.


Which actors and directors would you like to work with?


I think the list would be long to name them all, my tastes are quite varied for directors. In France, it can range from Agnès Jaoui whose universe I particularly adore, to directors closer to what I master better likeJan Kounen.

For the actors, I want to work with the best.


How did you know Gaspar Noé?


Without us knowing each other, Gaspar had spoken of me in a program on Canal, Nulle Part Ailleurs. He had seen Eric Zonca's film, the Little Thief.

Apparently it had marked him. He called me “the most terrifying villain in French cinema”. I liked it. If I have to be the villain in the movies, then I might as well be the best.


How did he choose you for the role of Tapeworm?


It was in the middle of summer, Gaspar called me to ask if I was going on vacation. I said to him: "Yes, but give me a good reason not to go". He gave me one and I stayed.

A little preparation and the shooting started very soon after.


What was your first impression of your character?


I did not realize what it could represent. I was happy to work with Gaspar and I didn't ask myself any questions.

Then the first time I saw myself on the screen I was shocked. I was far from imagining that it was so terrible. In fact, I bluffed myself.

Afterwards, I was happy with my work, and when people insulted me during screenings, I took that as a compliment.


Can you tell us about your first meeting (regarding Irréversible) with Gaspar Noé?


I met him at a party. He came to see me and we talked. I hadn't seen any of his films. I told him.

A few days later, he sent me a tape. I then saw all of his films.


During the filming, what were Noé's instructions?


We had talked a lot before and rehearsed the placements and camera movements. Everything was well orchestrated. We knew what we had to do, the hard part of the job was to make this scene believable while paying attention to Monica. Gaspar was quite calm, he came to give me his instructions and let me do it.


How did you experience the shooting of your scenes (the rape and the Rectum)?


I don't think I had ever emptied myself so much, physically and psychologically, on a set.

The difficulty was to let go completely in this violence while trying to control the constraints of the game in front of the camera. It was necessary to combine truth and precision, it was very trying but very enriching.

The Rectum, it was a really special atmosphere, but hey everyone has fun as they want.


How important is tapeworm in your career?


After Eric Zonca's little thief, Irréversible confirmed that I was able to play the bad guys in a movie, but I still have to prove again and again that I can do something else, I know I will get there and faster than you think.


A big thank you to Jo for his kindness, his availability and his patience.

Jo Prestia

Acteur, sportif

Actor, sportsman

LOWINSKI, Philippe/LTDT. Entretien avec Jo Prestia. Le Temps Détruit Tout. [en ligne] Publié le 18 janvier 2004. Consultable à l'adresse : http://www.letempsdetruittout.net/interviews/jo-prestia

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